Jeudi 8 Décembre 18h cours d’occitan animée par Flavien.
20h soirée PROJECTION avec Jean Henri Meunier, 3 films !
« Faut savoir se contenter de beaucoup », (1h30, 2015) puis « Chute libre » en avant-premiére (50min,2016) et « Smoothie » (1h20, 1992). Prix libre et repas possible !
Faut savoir se contenter de beaucoup
de Jean-Henri Meunier
Tandis que “la vie comme elle va” ne va pas très bien, le documentariste J-H. Meunier prend la route (et le maquis) aux côtés de N. Godin et J-M. Rouillan, pour se dégourdir les jambes et les méninges. La poésie de la résistance a encore de beaux jours devant elle.
HHH Vous permettrez en préambule à cette chronique un insert quelque peu autobiographique. Tandis que nous affûtions nos claviers pour rédiger nos toutes premières fiches (du cinéma), le destin (ou le bizutage) mit sur notre route deux films, qui se révèlèrebt déterminants pour la suite de notre “carrière” : Pas de repos pour les braves d’Alain Guiraudie et La Vie comme elle va de Jean-Henri Meunier. Soient deux films doux-dingues, sur la vie, les rêves et l’avenir, comme une parfaite prémonition pour la jeune critique que nous étions, qui allait justement trouver là l’alignement de ces trois planètes. Une dizaine d’années plus tard, un nouveau film de Jean-Henri Meunier (comme d’Alain Guiraudie d’ailleurs) est un événement, la garantie de se reconnecter à son moi, pour en prendre le pouls et contrôler sa tension. Car dans le cinéma de ce documentariste- photographe-musicien, le temps semble toujours s’écouler selon un rythme réel, sans pression ni fausse note, sans rupture ni cassure : donc à son contact, si votre cœur bat trop vite, vous sentirez forcément un peu trop fort ses pulsations. Ainsi en allait-il de la trilogie de Najac, dont La Vie comme elle va fut le premier épisode et qui rapporta à son auteur un César (pour le second, Ici Najac, à vous la Terre) : elle pointait telle une boussole droit au sud la douceur de vivre (frôlant l’ennui carabiné) pour les vies trépidantes d’urbains au bord de la crise de nerfs (que l’on ne nommait pas encore “burn out”). La trilogie s’étant clôturée sur une forme de fin du monde, il est tout à fait réconfortant de retrouver le cinéaste dans un road movie révolutionnaire. En très bonne compagnie (puisque c’est aussi la spécialité de Meunier que de savoir “caster” ceux qu’il filme) : l’entarteur subversif Noël Godinet “l’actionneur” radical Jean-Marc Rouillan. Les deux se mettent en tête de rejoindre Athènes, et pour cela parcourent la France (et un bout de Belgique) des idées, comme d’autres font la route des vins. Au fur et à mesure des discussions / dégustations, les esprits s’échauffent, les cœurs se réchauffent et chacun y va de sa petite musique pour conter sa résistance. La résistance aux cons, aux profiteurs, aux capitalistes, et à toutes sortes de synonymes. Faire la route avec Godin et Rouillan, qui ne s’étaient jamais rencontrés jusqu’au tournage mais s’estimaient l’un l’autre (le Belge avait dédié son Anthologie de la subversion carabinée au membre d’Action directe), revient à faire un voyage tout à la fois onirique (Godin est un vrai poète, érudit littéraire et cinéphile hors pair – voyez donc dans sa bibliothèque le rayon occupé par les Annuels du Cinéma !) et fantastique (Rouillan est un chat à sept vies, gardien d’un temple à la mémoire de ses camarades de lutte). Les rencontres que fait ce duo émouvant dressent, comme à Najac, le visage d’une France que l’on ne voit plus : libertaire, jouisseuse, gouailleuse, forte en gueule, solidaire, bref marginale. Après avoir relaté la lutte de SDF toulousains (Rien à perdre, Tout à gagner), Jean-Henri Meunier nous donne d’autres nouvelles du monde, réunies dans un titre qui pourrait être le plus important programme politique des années à venir. _Ch.R. LES FICHES DE CINEMA 2016 – 2087